Agrégé en Droit, le Professeur Abdoulaye Sakho est à la fois spécialiste du Droit du sport et du Droit économique. Également Vice-président du Jaraaf, club de football le plus titré du Sénégal, et premier Président de la Chambre Nationale de Résolution des Litiges de la Fédération Sénégalaise de Football, le Professeur Sakho nous permet, à travers cette interview accordée à Jurisportiva, d’en découvrir plus sur l’industrie du sport en Afrique. Comment rendre le sport plus attractif et en faire un véritable levier de développement en Afrique ? Quels moyens pour attirer le secteur privé dans cet écosystème ? Quels enjeux face à la spirale de hausse de la violence dans les stades de football africains ? Ou encore quel regard sur l’introduction de la VAR dans le football africain ? Autant de questions auxquelles Monsieur Sakho a répondu au cours de l’entretien. Bonne lecture à toutes & tous !
Bonjour Monsieur, pourriez-vous vous présenter brièvement ?
Bonjour. Je suis Abdoulaye Sakho, juriste et professeur agrégé en droit de nationalité sénégalaise. Je me présente comme spécialiste du droit du sport et du droit économique.
J’ai réalisé mes études supérieures dans plusieurs universités françaises : celles d’Orléans et de Tours.
J’ai commencé ma carrière en tant que journaliste-pigiste au service de Sports de la Nouvelle République du Centre Ouest (Rédaction d’Orléans) pendant 3 ans dans les années 80.
J’ai aujourd’hui plusieurs activités :
Je suis notamment chercheur au Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES) et Directeur de l’Institut EDGE (Ecole de Droit Gestion et Economie).
Je suis également directeur fondateur du Master Droit et Économie du sport de l’institut EDGE au Sénégal.
À côté de cela, je co-préside le Jaraaf de Dakar (club de football le plus titré du Sénégal).
J’ai aussi été le premier Président de la Chambre de Résolution des Litiges de la Fédération Sénégalaise de Football. Enfin, je collabore étroitement avec le Comité d’Organisation des Jeux Olympique de la Jeunesse « Dakar 2026 ».
Sur le plan scientifique, j’ai dirigé des thèses et des travaux sur le droit du sport. Et, j’ai fait quelques publications sur le droit du sport, notamment, en 2006, « Gestion du football sénégalais, Onze éléments pour comprendre », co-écrit avec le Magistrat Cheikh Diassé. En 2010 : « Les grands défis du football africain » ; et en 2013, j’ai écrit trois livres sur le droit du sport en hommage à Lamine Diack aux éditions CRES/HARMATTAN.
Comment se porte le sport-business en Afrique de nos jours ? Pourriez-vous dresser un état des lieux du marché africain ?
Pour être honnête, en Afrique, le sport business est difficile à évaluer correctement.
D’abord l’Afrique est, au plan sportif, plurielle. Il n’y a pas une seule Afrique du sport mais plusieurs. Donc la généralisation ne me paraît pas recommandée pour qui veut appréhender de manière correcte le sport dans le continent.
Ensuite, une des difficultés, non des moindres, est qu’objectivement, les statistiques fiables sur l’économie du sport en Afrique sont quasi inexistantes : la taille, la valeur du marché, le nombre et la qualité des acteurs sont totalement inconnues en grande partie.
Ce n’est pas propre au secteur du sport, mais c’est une constante en Afrique que de ne pas disposer de données permettant une correcte saisie des secteurs d’activités économiques. Très peu d’informations sur les entreprises du secteur : que ce soient les entreprises du secteur commercial ou les entreprises du secteur de la formation (académies) qui sont davantage des structures d’exportation de talents que de formation pour le football local.
Enfin, la mondialisation joue ici aussi un rôle important mais avec des effets plutôt mitigés. Pour l’Afrique de l’Ouest que je connais mieux, on est beaucoup plus enclins à consommer et regarder ce qu’offre le sport mondial plutôt que le sport local. Les compétitions européennes sont plus prisées ici que nos championnats locaux. Un bémol pourrait être trouvé dans les manifestations mettant en scène des équipes nationales sur le continent ou au plan mondial : pour le foot, la CAN ou la Coupe du Monde.
Malgré tout, une observation empirique permet d’avoir un aperçu, certainement biaisé, de quelques segments de l’activité sportive dans le continent africain :
La question de la mobilité des athlètes, même si nous ne pouvons pas mesurer avec exactitude les retombées de ces transferts et leur impact ; il y a aussi les effets induits de certaines campagnes sportives mondiales et continentales des équipes nationales (pour le foot par exemple, la FIFA et la CAF distribuent aux fédérations sportives nationales qui participent aux compétitions) … C’est l’une des raisons pour lesquelles, je suis de ceux qui militent pour mettre en place une structure d’agrégation de toutes les données, une sorte d’observatoire du sport africain au niveau Union Africaine ou dans les Communautés Économiques Régionales comme la CEDEAO et l’UEMOA…
Vous comprenez donc que ma réponse à votre question puisse être nuancée et que je ne sois pas en mesure de vous dire exactement comment se porte le sport business africain !
A contrario, le sport business européen qui arrive sur le continent africain se porte très bien, que cela soit au niveau du spectacle (le rôle des télévisions européennes), au niveau technique (la place des techniciens européens, que l’on appelle plus communément les « sorciers blancs ») ou de l’implantation des académies et de centres de détection, souvent propriété des clubs européens, en vue de faciliter l’exportation des talents.
L’industrie du sport est-elle rentable en Afrique, bien que ce ne soit pas nécessairement la même échelle de rentabilité qu’ailleurs?
Pour les acteurs économiques européens c’est certainement rentable.
C’est plutôt pour les parties prenantes à l’industrie du sport chez nous que le bât blesse. Et donc vous avez parfaitement raison de souligner que ce n’est pas forcément la même échelle de rentabilité. Quand j’observe ce qui se passe en Europe, je vois que le sport « fait vivre » l’acteur économique qui y investit grâce à la certitude d’un retour effectif sur investissement du fait d’un cadre juridique et institutionnel adapté. Et, il fait vivre aussi l’État grâce aux impôts et autres prélèvements obligatoires que verse le monde sportif.
Par ailleurs, il y a une véritable chaîne de valeurs qui profite à des salariés et à des entreprises intermédiaires comme les sous-traitants et les agents sportifs …Ce n’est certes pas la panacée mais au moins le sport est désormais traité comme un véritable secteur économique au même titre que les secteurs industriels traditionnels.
Ici, en Afrique, nous n’en sommes pas encore à ce stade même si certaines parties du continent s’en rapprochent plus que d’autres. Il y a, c’est vrai, des personnes ou quelques structures qui tirent profit de l’économie du sport telle qu’organisée actuellement mais on ne peut en tirer la conclusion, à l’heure actuelle, que l’industrie du sport est rentable ici.
Comment rendre le sport plus attractif et rentable sur le continent africain? Quelles sont vos propositions?
Votre question donne l’occasion de répondre à ceux qui pensent que les gouvernements africains ne doivent pas investir dans le sport car les priorités sont ailleurs comme par exemple, la lutte contre la pauvreté, la scolarisation des jeunes, et d’autres préoccupations tout aussi légitimes les unes que les autres.
Ma première proposition sera de se départir assez vite de cette opinion qui considère que le sport est juste un jeu. C’est plus que cela, mon ami, le regretté Pape Diouf, ancien Président de l’OM a publié un livre sur le foot dont le titre est : « C’est bien plus qu’un jeu » ! Et bien, je crois que ceux qui véhiculent l’opinion contraire ont tort de le dire car des estimations relativement récentes ont démontré que l’économie du sport, représentant environ 2% du PIB mondial, croît plus vite que l’économie mondiale dans son ensemble.
Ma seconde proposition sera d’attirer le secteur privé dans le sport en Afrique. Dans la partie du continent dans laquelle je vis, l’Afrique de l’Ouest, il existe une très forte tradition jacobine qui fait de l’État l’acteur central de tout le système, aussi bien politique, administratif et économique. De fait le sport, activité de service public, a toujours été entre les mains de l’État qui devait garantir aux citoyens toute sorte de libertés relatives aux activités sportives. Même la gestion au quotidien du sport est le fait de l’État par le biais de la délégation de service public au profit des
associations privées que sont les fédérations sportives nationales dont certaines ne peuvent faire du sport professionnel.
Il faudra donc créer les conditions pour un retrait progressif de l’État et une installation corrélative du secteur privé dans le sport. Ce serait ma troisième proposition.
Alors, comment attirer le secteur privé dans le sport en Afrique?
Comme dans tout secteur d’activité économique, il faudra créer les conditions de l’attractivité de l’investissement grâce à un cadre institutionnel, un cadre juridique et fiscal, des garanties juridiques et judiciaires permettant de sécuriser l’investissement. Autrement dit, faire gagner de l’argent à celui qui investit dans le sport même si le résultat sportif n’est pas au rendez-vous à chaque saison sportive (aléa du sport). Ce qui se passe dans le football et le basketball mondial, voire même le handball, est révélateur : les investisseurs professionnels que sont les fonds de pensions et les fonds souverains des États prennent le relais des traditionnels actionnaires que l’on trouvait dans les clubs sportifs. D’ailleurs ce sont les fonds d’origine arabe qui sont en train de désagréger l’organisation traditionnelle du sport en Europe au point de se constituer en menace potentielle pour la très lucrative Ligue des Champions de l’UEFA. En effet, le projet de l’Arabie Saoudite de regrouper les meilleurs joueurs dans ses compétitions de football pourrait ébranler à terme le spectacle qu’offre la Ligue des champions. Malheureusement le sport en Afrique n’attire pas encore ces investisseurs professionnels. Je ne suis pas certain que les tentatives de construction de spectacles sportifs d’envergure en Afrique (BasketBall African League de la NBA américaine ou la Super League Africaine de Football en gestation) soient une solution durable et bénéfique pour le sport local.
Faire du sport un levier de développement en Afrique est-il une des solutions?
Tout à fait. Je suis de ceux qui militent activement pour que le statut du sport change ici en Afrique, qu’il soit traité sur le même pied d’égalité que les autres secteurs d’activité tels que celui des énergies, des télécommunications, l’industrie extractive …
Si les trois propositions que je viens d’évoquer plus haut sont retenues, il y a de fortes chances que le sport devienne un véritable levier de développement car, même les flux d’argent que l’État redistribue sous forme de subventions au sport, seront considérés non pas comme des dépenses mais plutôt, à court/moyen terme comme des investissements.
Raisonnons sur l’exemple de mon pays le Sénégal qui est dans une sorte de phase de transition. Aujourd’hui, le sport au Sénégal n’a certes pas perdu le sens exclusivement ludique de son origine. Il continue à procurer plaisir et divertissement. Mais avec l’apparition progressive de la pratique de la compétition sportive professionnelle pour les élites, le sport est en passe de devenir une véritable activité économique qui, comme tous les autres secteurs économique, nécessite, une sollicitude plus accrue ou plus exactement un soutien des décideurs politiques afin que soient assurés son organisation et son développement en vue d’un meilleur accueil des investissements privés en ce sens.
Bien que pas cloisonné à l’Afrique, quelles réponses pour quels enjeux face à la spirale de hausse de la violence dans les stades de football africains?
Vous savez, si la question de la violence dans les stades de football n’est pas propre à l’Afrique, elle y est, en revanche, très fréquente.
Les causes de cette violence ne sont certainement pas les mêmes qu’en Europe où on a pu voir la création de bandes, les fameux hooligans, organisées uniquement dans le but de se préparer pour créer des problèmes dans les enceintes sportives de football.
En Afrique, il me semble qu’il n’y ait pas ce phénomène car les causes de la violence sont plutôt des décisions arbitrales contestées, des frustrations suites à des défaites et surtout des éliminations d’équipes nationales jugées prématurées ou anormales dans certaines compétitions. D’où la pertinence de votre question. Il faut donc considérer qu’en Afrique, comme partout dans le monde, là où s’expriment les passions, la raison prend du recul. C’est le cas des stades de foot. Mais le fait que cette violence soit encore présente, en 2023, dans nos stades est un révélateur des insuffisances de la gouvernance du sport.
Pourtant la réponse à la violence n’est pas compliquée car il s’agit tout simplement d’imposer aux différents acteurs, parties prenantes au spectacle sportif, un comportement en conformité avec la réglementation et les valeurs sportives. Le problème est non pas l’absence de normes mais plutôt l’application de ces normes. Dans des domaines similaires concernant les comportements anti-sportifs, on retrouve le même gap à propos de la gouvernance. Que ce soit la corruption ou la fraude sur l’âge, voire même le dopage, on est confrontés au même problème d’application de la norme et des sanctions appropriées. Il ne s’agit donc pas d’un problème de droit mais plutôt de gouvernance du sport et, c’est en réalité, cela l’enjeu.
Les dirigeants africains du sport sont-ils suffisamment prêts pour affronter ces problèmes récurrents dans le sport? C’est la question que je me pose au regard de
l’impunité et des nombreux atermoiements face à ces nombreuses questions toujours sans réponses.
Que pensez-vous de l’introduction de la VAR dans les championnats locaux africains, qui serait sans aucun doute, une plus-value dans la lutte contre les nombreuses erreurs d’arbitrage souvent décriées, et la corruption également présente sur les terrains?
Tout à fait, il y aura une véritable plus-value car les décisions arbitrales sont très souvent contestées en Afrique et, à tort ou à raison, avec beaucoup de suspicion. Donc la VAR c’est un grand oui ! Mais à dire vrai, ce n’est pas l’introduction de la VAR qui me pose problème, c’est plutôt la capacité de nos infrastructures à recevoir cette technologie de pointe. Je ne sais pas si vous suivez les championnats locaux et que vous avez vu l’état des infrastructures dans certaines contrées ? Cela semble mal embarqué.
Où en est le projet d’Africa Super League : la nouvelle ligue de football professionnel en Afrique ?
La Super League africaine, c’est un projet ambitieux lancé par la CAF depuis août 2022, dans le but d’accroître la valeur du football en Afrique à travers une compétition qui serait un haut lieu de spectacles sportifs jamais réalisés sur le continent africain.
Les outils de cette « Super League », au-delà des compétitions regroupant 24 clubs issus de 16 pays différents, sont des investissements, des sponsors, des fonds de développement et des infrastructures de qualité. Bref, c’est le modèle européen que la CAF veut reproduire à l’échelle du continent en mettant en place un format sportif attractif susceptible de garantir aux acteurs et parties prenantes des revenus substantiels.
Comme je vous le disais plus haut, je n’en maîtrise pas tous les aspects et encore moins l’agenda. Je crois qu’il faut comprendre que la CAF, pour une raison ou une autre, veuille garder confidentielle sa stratégie à ce niveau. N’oublions quand même pas qu’il s’agit d’affaires et sur ce plan, “le secret des affaires” est une des armes les plus prisées.
L’économie du sport africain est-elle le miroir d’un continent en pleine mutation?
Oui, un vrai miroir.
C’est bien le reflet de l’état de développement du continent. Ici le modèle économique dominant du sport est un magma d’activités économiques avec un clivage assez ténu fondé sur, d’un côté, des activités bien structurées à l’image de ce qui se fait en Europe et, de l’autre, des activités à la limite de l’informel et, surtout, en marge de la réglementation.
Ce n’est donc pas original. Par contre, il y a une très grosse prise de conscience que l’Afrique a une place importante à quérir dans le sport mondial. Dans certaines disciplines et particulièrement dans le football, l’Afrique réalise des résultats sportifs énormes qui corroborent l’idée d’un continent en pleine mutation. Mais le sport ce ne sont pas seulement des résultats, c’est une organisation complexe qui permet de pérenniser ces résultats sportifs et de produire des résultats économiques appréciables. De ce point de vue, je peux affirmer qu’à l’image des autres secteurs économiques, le sport dans le continent africain est en mutation ou en transition vers les formes d’organisation du sport qui en font un creuset d’emplois et de création de richesses. Mais de la même manière que des techniciens sont formés sur le continent à l’image de la licence d’entraîneur CAF que détiennent Aliou Cissé du Sénégal et Walid Regragui du Maroc (les meilleures sélections africaines de foot), je crois qu’il est temps de former une masse critique de personnes pour la gouvernance du sport, des dirigeants et managers de niveau mondial car le sport ce n’est pas seulement le terrain, c’est aussi les bureaux et l’administration.
Et enfin, comment évolue le droit du sport en Afrique? Voyez-vous de grandes divergences avec le droit du sport en Europe, si oui lesquelles? Et des similitudes?
Le droit du sport pose progressivement ses valises et s’impose petit à petit.
Oui de plus en plus les structures étatiques reconnaissent la spécificité sportive, la Lex Sportiva et surtout l’autonomie des fédérations sportives et du droit qu’elles sécrètent. À titre d’exemple, nous avons de moins en moins de conflits ouverts entre les fédérations sportives et les États via les ministères. Croyez moi, c’est un signe !
En termes de similitudes, il me semble qu’il y a l’organisation globale du sport, le cadre institutionnel et juridique qu’on a en commun pour ce qui est des pays africains francophones avec la France.
Par exemple, au Sénégal, comme toute activité économique, le secteur du sport repose sur un cadre institutionnel (public avec le ministère et ses services, privé avec le mouvement associatif qui a des ramifications internationales sauf pour nos sports traditionnels comme la lutte ou les courses hippiques etc…) ; sur des normes juridiques dont la base est constitué de la Charte du sport datant de 1984 (une réforme est en cours, et un code du sport est en vue) ; ou encore sur des lieux
d’expression du sport et les outils que sont les équipements et les infrastructures sportives ; enfin sur des ressources qui sont de deux sortes, à la fois les ressources financières et les ressources humaines.
Autre similitude, c’est la reconnaissance de l’autonomie du droit du sport aussi bien dans la production des normes que dans la justice sportive pour le règlement des litiges.
Concernant les “divergences”, je préfère le concept « différences » plutôt que divergences parce que dans la zone de l’Afrique qui m’intéresse, il n’y a pas à proprement parler de divergences. En revanche on peut trouver des différences d’intensité dans l’application des normes et du droit du sport ou alors des gaps de réglementation. Par exemple, l’Europe utilise beaucoup les ressources de la propriété intellectuelle pour financer les activités sportives. Sur ce plan, l’Afrique me paraît très en retard. Sur l’application de la réglementation liée à la mobilité des sportifs, l’Afrique est aussi en retard car il n’existe qu’un embryon de régulation du marché des transferts qui est lui-même très informel.
Concernant les structures juridiques pour l’exercice professionnel de l’activité sportive, il y a aussi un gap car les législateurs africains, à l’image de celui de l’OHADA que je connais mieux, n’ont pas élaboré une structure idoine en ce sens.